L’école Vitruve est une école publique de secteur. Elle poursuit les objectifs d’apprentissage des programmes de l’Education Nationale, qu’elle met en œuvre au sein d’un fonctionnement pédagogique et éducatif particulier, initié en 1962 par Robert Gloton (inspecteur de l’Education nationale).
En 2005, le projet expérimental de l’école obtient une reconnaissance institutionnelle (article L-401 du code de l’éducation) autour de deux axes : l’organisation collégiale et la pédagogie de projet.
L’école accueille environ 240 enfants, du CP au CM2. Elle est gérée de manière collégiale par 10 enseignants, dont un qui, chaque année, prend le rôle de coordinateur (par roulement). L’organisation collégiale s’applique aussi bien aux adultes qu’aux enfants.
Les grands principes qui sous-tendent les apprentissages sont :
- les pratiques coopératives
- l’éducation par la citoyenneté
- le travail par le projet
- l’ouverture vers la communauté scolaire.
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Apprendre à vivre et travailler ensemble : les pratiques coopératives
Apprendre la coopération en la faisant vivre dans chaque situation que la journée nous apporte est pour nous essentiel, car c’est la condition du progrès individuel et collectif. Coopérer, c’est apprendre et grandir ensemble.
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Les pratiques coopératives sont travaillées de manière systématique et généralisée :
- par la constitution de groupes multi-âges, que ce soit les groupes-classes d’une année (CE1-CE2 / CE2/CM1 ou CM1/CM2), ou des ateliers qui ont lieu une fois dans la semaine (CP-CM2 par exemple) ;
- en luttant contre toutes formes de moquerie et en se donnant le droit de se tromper, point d’appui indispensable pour continuer ses efforts et ainsi progresser;
- en amenant les enfants à confronter leur travail, à se l’expliquer entre eux, à comprendre les méthodes des autres ;
- en créant des organisations ponctuelles du travail en fonction des besoins, en petits ou grands groupes. Pour ce faire les enseignants travaillent aussi en coopération (2 enseignants rattachés à un groupe) ;
- en favorisant des tutorats entre enfants pour se montrer, s’accompagner, s’apprendre ;
- en mettant l’accent sur l’entraide et la responsabilité de chacun envers les autres, lors des séances de résolutions de conflits ;
- et enfin, bien sûr, à travers tous les dispositifs liés à l’exercice de la citoyenneté et aux projets menés dans l’école.
L’éducation par la citoyenneté : l’apprentissage de la démocratie
L’école fonctionne en organisation collégiale, qui s’appuie sur un roulement des tâches, valable pour les adultes comme pour les enfants. L’objectif est que chacun se sente impliqué dans l’école à son niveau. Nous apprenons à être responsables en exerçant les responsabilités nécessaires pour bien vivre et travailler ensemble.
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Les enfants participent à la gestion de l’école à travers le Conseil d’école qui se tient chaque semaine. C’est l’instance de décision la plus importante. Il réunit l’adulte coordinateur, les enfants-coordinateurs et des représentants de chaque groupe par roulement (du CP au CM2). Il sert à donner des informations, prendre des décisions, chercher des modes d’organisation pour des sujets qui concernent toute l’école, comme la répartition des tâches à effectuer pour une Braderie, le déplacement dans les escaliers, les jeux dans la cour, la mixité dans le travail… Toutes les décisions prises au Conseil d’école peuvent être testées et évoluer si cela ne fonctionne pas.
La régulation des conflits est assurée en partie par deux structures : les enfants-médiateurs et les réunions de régulation de conflits qui ont lieu une fois par semaine.
« Réfléchir à comment on règle un problème ça fait grandir, alors que s’adresser toujours aux adultes ça n’apprend rien. »
Les médiateurs sont des enfants volontaires ou encouragés à prendre cette responsabilité. Ils sont chargés d’aider les enfants à trouver des solutions à un problème, notamment dans la cour. Ils sont accompagnés par un enseignant référent. Ils changent après chaque période de vacances.
La séance de régulation de conflits en groupe multi-âges d’une quarantaine d’enfants, régulée par deux enseignants, permet à chacun de soumettre un problème à la collectivité. On y analyse l’origine et les causes du conflit, on cherche comment en sortir de manière constructive. Il s’agit ici de trouver une solution équitable qui mette l’accent sur les droits et devoirs de chacun. La décision est entendue de tous. Le débat dépasse souvent le litige initial et porte des valeurs humaines universelles. On part de l’humain tel qu’il est pour le faire progresser, et non d’un idéal jugeant et moralisateur.
La citoyenneté se vit aussi à travers les responsabilités que les enfants prennent en charge dans l’école par roulement: coordinateurs, ludothécaires, contrôleurs de vitesse, coopérateurs, journalistes, responsables du flux, et bien sûr médiateurs.
Les parents dans l’école : un exemple d’ouverture vers la communauté scolaire
L’école est une communauté éducative constituée des enseignants, des enfants et des parents, et il est important pour nous que chacun puisse y trouver sa place et participer à l’ensemble, à son niveau.
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Le conseil d’école des parents se réunit à chaque trimestre. Il est ouvert à tous les parents de l’école, et pas seulement aux parents représentants. Des réunions complémentaires sont organisées dans les groupes ou pour toute l’école plusieurs fois dans l’année.
Les familles peuvent s’impliquer si elles le souhaitent de différentes manières :
- réfléchir ensemble sur des problématiques diverses liées à l’éducation,
- organiser des événements festifs (qui permettront aussi de financer les classes vertes !), le premier étant le grand événement de rentrée que constitue la Braderie,
- chanter dans la chorale des parents pour accompagner le projet d’un groupe d’enfants ou intervenir à une soirée,
- aider les groupes sur des ateliers ponctuels : cuisine, bricolage etc,
- participer à des sorties.
Historique de l’école
L’École Vitruve c’est avant tout une aventure pédagogique qui a démarré il y une cinquantaine d’années, à l’initiative de Robert Gloton, un inspecteur de l’Éducation nationale, militant du GFEN.
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Face à de grosses difficultés scolaires des enfants, au coeur d’un quartier très populaire, cet inspecteur a proposé à des enseignants volontaires de « fabriquer » une autre école, un autre schéma. En réaction à l’isolement traditionnel des classes au sein des établissements scolaires, ces enseignants décident de penser l’unité pédagogique différemment. Cette unité pédagogique n’est plus la classe mais l’école tout entière. Toute l’organisation devient collégiale et repose sur plusieurs dispositifs mis en œuvre quotidiennement. Cinquante ans d’expérimentation pédagogique au sein de cette école publique et on y parle encore aujourd’hui de conseils des enfants, des conseils d’école pris en charge par des coordinateurs d’enfants, de groupes de responsabilités, des coopérateurs, de médiateurs, de contrôleurs de vitesse, de comité de rédaction, de groupes multi-âges, de classes vertes, de projets.
L’École Vitruve est héritière du projet de l’Éducation nouvelle, et ses choix de « pédagogies alternatives » s’inscrivent donc dans une perspective d’ « école différente » dans un modèle pédagogique particulier articulant des théories de l’éducation et de l’apprentissage, des valeurs et finalités éducatives et des techniques pédagogiques.
Caroline Barrault
Chargée de mission, secteur École des Ceméa